Exportations Tchèques en France

Les échanges commerciaux franco-tchèques ont plus que doublé depuis l’adhésion de Prague à l’Union européenne en 2004.

 La vigueur des exportations tchèques se concentre sur deux secteurs, les matériels de transport et les équipements.

Vingt-cinq ans après la chute du communisme et le début de la transition économique à l’économie de marché, la République tchèque a renoué avec ses traditions industrielles et retrouvé sa place dans les échanges commerciaux internationaux. L’économie tchèque, l’une des plus ouvertes en Europe et dans le monde, exporte 35 % de toute la production réalisée dans le pays. Aussi les exportations représentent-elles 80 % du produit intérieur brut.

Si cette forte dépendance au commerce extérieur présente des risques de forte récession lors de crises mondiales comme en 2008, elle oblige les acteurs à s’adapter en permanence et à diversifier leurs débouchés. Les pays clients des exportateurs tchèques sont traditionnellement les pays frontaliers, à commencer par l’Allemagne qui absorbent plus de 32 % des produits tchèques, devant la Slovaquie (8,9 %), en raison de l’histoire commune passée, et la Pologne (5,8 %), un marché de 40 millions de personnes. L’Autriche, bien que troisième investisseur, n’est qu’au sixième rang et n’absorbe que 4,5 % des exports tchèques.

Le premier pays client, sans frontière commune avec la République tchèque est la France qui achète 4,8 % des produits tchèques exportés et se situe ainsi au 4e rang. Si traditionnellement la France a toujours été un partenaire commercial important du pays, hormis pendant la longue parenthèse communiste, l’évolution récente des échanges est impressionnante.

Depuis la création de la République tchèque, le 1er janvier 1993, les exportations vers la France ont été multipliées par onze. L’une des étapes marquantes a été l’adhésion du pays à l’Union européenne le 1er mai 2004 qui a permis un doublement des exports en quelques années. Depuis 2005, la balance commerciale est excédentaire pour la République tchèque. Depuis 2010, les échanges commerciaux bilatéraux ont ralenti leur croissance, conséquence de la crise de 2008-2009 mais aussi de la faible reprise en France et de la récession tchèque en 2012–2013.

En 2012 et 2013, les importations tchèques en France se sont stabilisées autour d’un volume comparable : 5,56 milliards d’euros. (Les chiffres définitifs pour 2014 devaient être connus après le bouclage mais les premières tendances laissaient accroire à un résultat comparable.) La stagnation des exportations tchèques vers la France constitue toutefois une bonne performance car le total des importations françaises a affiché un recul de 2,6 % en 2013, tendance maintenue en 2014. Le maintien des ventes tchèques sur le marché français s’est appuyé sur la dévaluation de la couronne en novembre 2013 qui a offert un avantage compétitif non-négligeable aux exportateurs de Bohême et Moravie.

Le premier poste des exportations tchèques vers la France est constitué par les véhicules routiers (environ 30 % chaque année), y compris – ou peut-être surtout – ces dernières dans un marché automobile français morose ou en recul. La part de marché du constructeur automobile Skoda (Groupe Volkswagen) est en constante augmentation depuis la fin des années 2000 et en 2013 elle représentait 1,2 % des immatriculations de véhicules neufs. Le partenariat de Skoda avec le Tour de France, entamée en 2004 et de nouveau prolongé l’été dernier pour cinq nouvelles éditions de la grande compétition cycliste est non seulement la plus grande action de sponsoring d’une entreprise tchèque à l’étranger (hors Slovaquie), mais aussi une opération marketing d’ampleur. Ce sont 250 voitures qui sont mises à disposition des organisateurs chaque été. Les constructeurs Hyundai et TPCA (Toyota-Peugeot-Citroën) qui fabriquent en République tchèque participent aussi des importations de véhicules « made in Czech Republic » en France.

 

Autre entreprise produisant en République tchèque des véhicules routiers, Iveco ČR, qui a racheté à Renault le producteur d’autobus Karosa acquis lors de sa privatisation au début des années 1990, rencontre un succès en France. Si les ventes d’autobus urbains ont pâti du changement de propriétaire, elle a su se maintenir sur le marché des autocars de transport scolaire où elle détient quelque 55 % des parts. L’implantation de plusieurs équipementiers automobiles français en République tchèque contribue également aux exportations vers la France car nombre de pièces des véhicules assemblés dans l’Hexagone proviennent des usines de production tchèques.

Les autres secteurs, où l’industrie tchèque dispose d’avantages grâce à la formation technique et la relativement main d’œuvre bon marché, qui trouvent des débouchés en France sont les équipements mécaniques, les matériels électriques, l’électronique et informatique. Rassemblés, ils pèsent même plus que l’automobile, soit environ 40 % des exportations. La répartition des ventes évolue d’une année à l’autre entre ces secteurs, la baisse de l’un étant compensée par la hausse de l’autre. On assiste néanmoins à une tendance nette en faveur de l’augmentation des ventes de produits électriques et ménagers.

D’autres secteurs, comme l’habillement, le cuir et les chaussures, enregistrent des hausses substantielles qui se traduisent par une embellie de l’emploi dans l’industrie textile en République tchèque. Les produits caoutchouc et plastique, ainsi que métallurgique – la firme tchèque Alukov, spécialiste des couvertures de piscine, réalise 40 % de son chiffre d’affaire en France – représentent bon an mal an près de 10 % des importations en provenance de République tchèque.

Malgré la léthargie économique en France et l’extrême compétition sur son marché, les exportations tchèques disposent de créneaux de croissance. L’automobile est encore en mesure de croître, tout comme l’aéronautique. Les entreprises en République tchèque sont de plus en plus impliquées dans les programmes d’Airbus. La construction mécanique, en particulier pour l’énergie, dispose de bonnes perspectives tout comme l’informatique (hard et software) et les biotechnologies.

Fabrice Martin-Plichta