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Interview avec Maurice Bensadon

Quelle est la présence et le futur de Glencore en RT ?

Le groupe Glencore se range parmi les plus grandes corporations mondiales. Notre seule présence sur le marché tchèque est, pour le moment, à travers notre usine à Ústí nad Labem, que nous avons acheté en octobre 2011. Seulement après, nous avons créé notre bureau tchèque et employé du personnel. Nos projets d’investissement se concentrent sur notre usine, le budget prévoit 100 à 150 millions CZK d’investissement par an dans les cinq ans à venir.

Quel est votre principale production ?

La production de Glencore Grain Czech se compose de 4 types de produits. Le premier est le tourteau de colza pour l’alimentation animale, dont plus de la moitié est exportée vers les pays voisins.

Le deuxième produit est le plus visible pour les Tchèques, ce sont les bouteilles d’huile de colza raffiné de marque Lukana, Ceresol ou Vegetol, que l’on trouve dans tous les magasins. Glencore produit 80 % de l’huile de colza raffiné en bouteille vendue sur le marché tchèque (seule producteur en RT), les 20 % restant étant des importations. Ces huiles alimentaires sont bien visibles, mais ne représentent qu’une partie minoritaire de notre chiffre d’affaire, approximativement 1 milliard de CZK sur les 6 milliards du groupe en RT.

Le troisième élément sont les produits raffinés pour l’industrie alimentaire qui sont vendus aux producteurs de sauces, mayonnaises, biscuits ou produits surgelés.

Enfin la moitié de notre chiffre d’affaire découle de la vente des huiles brutes utilisées pour la production du biodiesel et plus que la moitié de celle-ci est exportée, principalement dans les pays voisins.

Comment qualifiez-vous le niveau de concurrence dans le biodiesel ?

Il n’y a que trois entreprises sur le marché tchèque qui produise de l’huile brute pour le biodiesel : Agrofert, ADM et Glencore, et une seule est réellement active dans la production du biodiesel, Agrofert.

Une concurrence saine est nécessaire, des secteurs sans concurrence sont soit inintéressants soit voués à l’échec. De surcroît la RT a fait le choix de l’UE qui impose un marché ouvert et transparent.

Certains accusent les champs de colza d’épuiser les terres, quel est votre avis ?

Le colza est une belle et noble culture et n’épuise pas les champs à conditions que l’on fasse une rotation des récoltes, par exemple le blé après le colza. L’agriculture est surveillée de près par l’Union européenne et des méthodes polluantes ne sont pas admises. De surcroît les énergies produites à base de plantes sont plus écologiques que les mines car une plante repousse chaque année.

Quel est la place de l’huile de colza dans l’alimentation des Tchèques ?

Le colza a beaucoup d’avantages par rapport au tournesol. L’huile de colza est plus énergétique, elle est meilleure pour la friture car elle ne brûle pas aussi facilement et elle est de 20 à 30 % moins chère que l’huile de tournesol. Le colza a une longue tradition en RT, qui est un important exportateur (30–40 % du colza produit est exporté). Mais il faudra une grande campagne pour que les Tchèques réapprennent à préférer l’huile de colza à celle de tournesol qui aujourd’hui est la préférée des familles Tchèques.

Il ne serait que logique de consommer ce qui est produit localement au lieu de l’huile de tournesol, qui est importée, et surtout produite dans des pays instables tels que l’Ukraine et la Russie.

Vous n’avez pas eu de souci pour trouver la main d’œuvre pour votre production ?

Nous avons actuellement près de 300 employés, nous avons une très forte politique de renouvellement et plus de 30 % des nouveaux employés ont moins de 30 ans. Je trouve que en RT, les jeunes sont motivés et les cadres responsables et performants. Nous avons décidé d’être très local pour être stable et digne de confiance et certains de nos cadres n’hésitent pas à déménager à Ústí pour travailler chez nous ou se déplacent tous les jours de Prague.