BTP - Construction - Infrastructures

Le BTP est aussi important en France qu’en Tchéquie

Le BTP est un secteur économique majeur et d’égale importance pour nos deux pays. Il représente 7 % du PIB et 8 % de la population active

Or il traverse une crise qui s’est traduite, ces dernières années, par des pertes d’emplois en France et en République tchèque.

En 2016, la filière renoue avec la croissance mais la reprise demeure fragile. Pour sortir de l’ornière, le gouvernement français s’est fixé l’objectif ambitieux de construire 500 000 logements neufs et d’en rénover autant chaque année. La faible commande publique devrait toutefois limiter la croissance du segment non résidentiel. En République tchèque, la montée en puissance des fonds européens d’ici 2020 devrait encourager l’activité dans le secteur.

Le défi du BTP : écologie

Aujourd’hui l’enjeu est de répondre aux meilleurs standards environnementaux, énergétiques, sociaux et d’économie circulaire en créant des emplois non délocalisables permettant à la filière de se structurer. Un segment en particulier doit retenir notre attention : l’éco-construction, c’est-à-dire la construction durable et écologique. Dans les pays industrialisés, le secteur du bâtiment représente encore 40 % de la consommation d’énergie et 38 % des émissions de gaz à effet de serre.

L’éco-construction est en plein essor en France. C’est le 3e marché européen avec 19 milliards d’euros déjà investis dans la rénovation énergétique des bâtiments. La promotion de la construction et de la rénovation des logements à basse consommation d’énergie commence déjà à porter ses fruits, comme l’illustre la forte hausse des certifications délivrées par l’association de référence en France, Effinergie.

Les acteurs français ont pris la mesure des enjeux. Beaucoup de grands groupes, de PME spécialisées, de laboratoires, d’universités, et de clusters français, tels qu’Efficacity ou Advancity, développent des compétences en matière d’éco-matériaux, d’éco-innovation, de valorisation ou de recyclage des déchets issus de la construction, voire de bâtiments à énergie positive. Des salons spécialisés sur le bâtiment durable, tels que Ecobat ou Batimat à Paris, témoignent du dynamisme des acteurs français.

Soutien financier pour les entreprises et les ménages

La France met en oeuvre une politique proactive avec le plan « Ville durable ». L’enjeu est d’accélérer la transition écologique avec, à la clé, 75 000 emplois supplémentaires. Ce plan national s’accompagne de mesures de soutien financier : éco-prêts, prime énergie, exonérations fiscales. Mais il y a surtout le Crédit d’impôt pour la transition énergétique, ou CITE, auquel sont éligibles les audits énergétiques et les travaux d’amélioration énergétique. C’est un réel succès puisque 1 million de CITE ont été accordés.

La République tchèque est également très engagée dans l’éco-construction. Le programme emblématique est Nová zelená úsporám, ou Nouvelle économie d’énergie, qui vise à améliorer l’efficacité énergétique du parc immobilier. Dans le cadre du programme européen Environnement d’un montant de près de 100 millions EUR, 100 000 chaudières polluantes doivent être remplacées par des chaudières à haute performance énergétique d’ici 2022. Ce programme rencontre un franc succès auprès des ménages tchèques qui ont massivement candidaté pour en bénéficier. Citons également le programme PANEL 2013+ qui vise à moderniser les logements anciens.

Freins tchèques : administration et chômage nul

Le principal obstacle est administratif et réglementaire. La procédure d’obtention d’un permis de construire dure en moyenne 5 ans, voire 10 ans pour les grands projets. En France la législation a été simplifiée en 2015 pour réunir, au sein d’une procédure unique et intégrée, toutes les autorisations requises pour des projets d’aménagement ou de construction d’intérêt général. Le délai d’instruction pour les permis de construire a été ramené à deux mois, à compter de la réception du dossier complet pour les maisons individuelles, et à 3 mois pour les autres constructions.

La pénurie de main d’œuvre reste un frein majeur. Hormis la réduction de leurs marges, les entreprises éprouvent des difficultés à recruter des ouvriers qualifiés et le nombre d’apprentis a diminué de 40 % l’année passée. Enfin, la priorité donnée au prix plutôt qu’à la qualité des offres dans le cadre des appels d’offres obère, dans une certaine mesure, le développement du secteur.

Une refonte du code de la construction parait nécessaire, au même titre que l’instauration d’une autorité unique responsable pour la gestion des constructions du secteur du BTP. Une recodification permettrait ainsi de lancer les nombreux grands projets d’infrastructures, tels que la liaison ferroviaire entre l’aéroport et le centre-ville de Prague, le développement du réseau à grande vitesse, la construction de la nouvelle ligne automatique du métro D, la mise à niveau de l’autoroute D1.

Cet article provient du magazine Contact 87.