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Le futur du nucléaire tchèque au sein de l’Europe verte

Dans le futur, l’un des piliers du génie électrique en Tchéquie devrait être l’énergie nucléaire. Le projet de la Conception énergétique d’État (CEE), que le gouvernement devrait traiter avant la fin de l’année, propose l’augmentation de l’énergie nucléaire tchèque à 50 % de la production d’électricité. Le niveau actuel en République tchèque est de 33 %.

La version de travail de cette stratégie en dit davantage. « L’achèvement de la construction d’un ou deux blocs nucléaires est au programme avant 2035, ainsi que la prolongation de la durée de vie des blocs actuels dans la centrale nucléaire de Dukovany et puis plus tard, la construction éventuelle de nouveaux blocs à l’approche de la mise hors service de Dukovany. »

L’utilisation du nucléaire était également un des principes de base soutenu par les Tchèques dans les débats concernant le Paquet européen climat-énergie 2030.

Paquet climat-énergie, comment protéger sa propre conception ?

La Tchéquie soutenait en premier lieu l’objectif de la baisse des émissions de CO2. Le nucléaire est considéré comme une source à émissions basses et avec la construction de nouveaux réacteurs, la Tchéquie n’aurait aucun mal à remplir les limites d’émissions.

Au contraire, le gouvernement tchèque observait avec méfiance l’objectif d’augmenter la part des sources d’énergie renouvelables. La Tchéquie demandait à ce qu’il soit facultatif. D’après le gouvernement tchèque, l’accent mis sur certaines sources d’énergie est une attaque à la neutralité technologique, ainsi qu’à la possibilité de chaque pays de choisir sa composition énergétique.

« L’énergie nucléaire est une des alternatives, qui peut contribuer considérablement à la réduction des émissions – et ceci est tout de même bien l’objectif de base du débat climatique» a écrit le secrétaire d’État pour les affaires européennes Tomáš Prouza dans son commentaire d’avant le sommet « climatique » d’octobre de l’UE.

Le souci de l’avenir du nucléaire est encore apparu dans le positionnement par rapport à l’objectif d’augmentation de l’efficacité énergétique. Les négociateurs tchèques ont demandé à ce que l’efficacité de la transformation des sources primaires en énergie électrique soit prise en compte pour le nucléaire de la même façon que pour les sources renouvelables, donc efficace à 100 %.

Soutenir la centrale de Temelín ou pas ?

Dans l’énergie primaire est incluse également la chaleur résiduelle, qui n’est en grande partie pas utilisée dans les centrales tchèques, même si sa réutilisation est prévue à l’avenir dans la CEE. L’efficacité des centrales nucléaires paraît ainsi moins bonne, que si on la calculait avec la consommation finale d’énergie, donc la quantité d’électricité produite.

Selon l’exploitant des centrales, la société ČEZ, le document de la Commission européenne devrait idéalement laisser aux pays la liberté de choisir s’ils désirent faire les calculs en énergie primaire ou en consommation finale.

D’après les organisations écologiques, le but n’est pas d’améliorer les résultats de la consommation d’énergie sur le papier, mais de les améliorer réellement et donc de diminuer la consommation des sources primaires. D’après eux, si le nucléaire est moins efficace, la législation ne devrait pas le soulager de son handicap.

Ceci n’est pas le seul point de discorde entre les écologistes et les adeptes de l’énergie nucléaire. Les écologistes n’ont pas peur de l’énergie nucléaire en tant que telle. Et en Tchéquie et en Europe, le problème est principalement économique.

Qui va payer les réacteurs ?

La construction d’une centrale nucléaire est coûteuse et elle n’est rentable qu’au moment où les prix de l’électricité sur le marché sont élevés. D’après de nombreux avis, vu le rattachement du marché tchèque à celui de l’Allemagne, les prix de l’électricité sans les frais de transfert ne devraient pas augmenter. En effet, les prix chutent aujourd’hui grâce au développement des sources renouvelables, qui devraient constituer la base de la conception allemande des années à venir. La décision allemande a ainsi influencé l’orientation de l’industrie énergétique européenne.

Une des manifestations de cette orientation est la décision prise en avril d’annuler l’appel d’offre pour la construction de nouveaux blocs de la centrale de Temelín. Le gouvernement a refusé de fournir à ČEZ des garanties, qui rendraient cet investissement rentable. Le gouvernement de Bohuslav Sobotka va essayer de trouver une solution à cette situation avant la fin de l’année.

Le gouvernement tchèque est persuadé, que les sources d’énergie renouvelables n’ont pas un grand potentiel en Tchéquie. Vu que le gaz naturel a la réputation de dépendre de la Russie, il se peut très bien que la décision concernant la conception énergétique tchèque ne sera pas tellement une question d’économie que de stratégie.

Adéla Denková, EurActiv.cz pour CCFT