Décryptage des prévisions économiques pour 2023, retour sur le QUO VADIS avec la ČNB et la Komerční banka

Le 14 février dernier s’est déroulé l'événement Quo Vadis au sein des locaux de la Komercni banka avec la participation de la ČNB (Czech National Bank).  

Les deux intervenants Jan VEJMĚLEK (économiste en chef et responsable de la recherche économique et stratégique à la Komercni banka) et Katarina KUBELKOVA (membre du conseil de la Czech National Bank), ont détaillé et explicité les prédications économiques pour 2023, à l’échelle mondiale, et plus précisément en République tchèque. S’en est suivi un échange avec des questions-réponses entre le public et les intervenants. 

 

Après des années difficiles entrecoupées par des crises (covid, guerre en Ukraine), les estimations pour 2023 restent dans l’ensemble assez optimistes. 

En effet, le commerce mondial reste sain et s’est rapidement remis de la pandémie, nous n’assiterons donc pas à une démondialisation. Cependant, l'inflation ne reviendra probablement pas à l'objectif des banques centrales américaine et européenne cette année, ce qui implique qu'elles devront toutes deux poursuivre le resserrement de leurs conditions monétaires. Le taux directeur devrait passer à 5,0%-5,25% aux Etats-Unis (ce niveau devrait être atteint en mai) et à 3,75% dans la zone euro (d'ici juillet). Dans les deux cas, les marchés financiers sous-estiment l'action des banques centrales. En outre, les taux pourraient aller encore plus haut que prévu. Aux États-Unis, une faible récession ne serait prévue qu'au début de 2024. La zone euro échappe quant à elle de peu à la récession. L'économie de la zone euro a fait preuve d'une certaine résistance aux chocs liés à l'énergie et aux coûts l'année dernière, avec une croissance séquentielle de 0,6 %, 0,8 % et 0,3 % par an au cours des trois premiers trimestres. 

Le taux de chômage augmentera probablement légèrement cette année (à 7,1 %), mais il restera bien en dessous de son niveau d'équilibre (l'estimation du NAIRU est de 8,5 %). Par ailleurs, en décembre, la banque centrale de l'UE a relevé ses taux de 50 points de base, comme prévu (taux de dépôt à 2,0 %, taux de pension à 2,5 %). Relever les taux de l’euro ne se fera pas sans peine car l'inflation a vraiment surpris, surtout au sein de la zone euro. Néanmoins, l'Allemagne s'éloigne peu à peu de la récession, ce qui est une bonne nouvelle car c’est l’un des principaux partenaires commerciaux de la République tchèque. 

Qui plus est, on constate une forte pression sur les prix notamment concernant l'électricité, le logement et la nourriture. Les prix de l’énergie et des produits de base sont en hausse. L’inflation a touché tous les domaines avec une pression inflationniste accrue sur la nourriture, l’énergie, et le logement. Néanmoins, le pic inflationniste global semble être terminé. Les banques centrales ont de fait resserré les conditions monétaires et inversé la politique monétaire dans tous les pays. La stagflation commence à s'estomper dans la zone euro. Prochainement, on s’attend à ce que l’économie globale ralentisse, suite aux crises, notamment énergétique, à l’inflation et au durcissement des conditions monétaires qui pèsent sur la croissance mondiale. Selon l’indice du PIB, on tend à s’éloigner de la récession et les attentes en termes de croissance sont plutôt positives.  

 

Pour les Etats-Unis, la croissance est rapide pour 2023 avec une inflation beaucoup plus faible. Si les chocs pétroliers sont habituellement une menace pour les Etats-Unis, le dernier en date n’a pas causé de récession à lui seul. D’ailleurs, les spécialistes s'interrogent sur une réelle récession, car une vision plus globale du NBER ne montre pas que les Etats-unis subissent une récession. C’est plus la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt qui donne cette impression de récession. De plus, le marché du travail américain est extrêmement serré, et on constate davantage une inflation due aux salaires. Cette hausse rapide des salaires fait augmenter le prix des services. L’économie américaine fonctionne au-dessus de son potentiel et approche des niveaux d’avant crise financière. La FED poursuit sa politique de resserrement monétaire et le marché voit des taux autour de 5% milieu 2023.  

 

En termes de devises, le dollar reste une monnaie sûre dans un environnement plutôt peu favorable. Le dollar s’est même renforcé sous la parité contre l’euro l’an dernier et l’euro s’est fortement dévalué par rapport au dollar selon PPP. D'après la parité du pouvoir d’achat, le taux de change devrait être supérieur à 1.30USD/EUR. De plus, l’euro est de plus en plus porté par la performance de la balance commerciale externe qui s’est effondrée au cours de l’année dernière. Les sanctions sur la Russie ont joué et ont favorisé le commerce bilatéral ce qui pèse aussi sur l’importation du côté de la balance commerciale de la zone euro, car on exporte bien moins vers la Russie. Néanmoins, les spécialistes privilégient l’euro à l’horizon annuel.   

 

Enfin, si on se concentre plus spécifiquement sur la République tchèque, son économie a perdu de l'énergie la seconde partie de l’année dernière et celle-ci a évidemment été marquée par l'inflation. Le scénario de base des prévisions suppose que la banque centrale fixe les taux d'intérêt de manière à atteindre l'objectif de 2 % à un horizon de politique monétaire de 12 à 18 mois et couvre le premier semestre 2024.  

Malgré une année difficile, la récession fut un épisode rapide durant la seconde moitié de l’année dernière. Le marché du travail ne sera pas détérioré et l’emploi sera à la hausse. Concernant l’inflation, c’est seulement une question de temps avant que non seulement les taux du marché mais aussi ceux de la politique monétaire ne déclinent; cela est attendu dans la seconde moitié de cette année. 

Les estimations étaient de 0,5 % au second semestre de l'année dernière et on s’attend à une reprise progressive de la croissance économique cette année. Par conséquent, la récession ne devrait être que techniquement causée principalement par la baisse de la demande intérieure. Le marché du travail devrait donc rester tendu, avec seulement une légère augmentation du chômage. Cela devrait contribuer à une plus forte croissance des salaires nominaux. Il est peu probable que l'inflation passe sous la barre des 10% cette année et elle devrait continuer à peser lourdement sur le pouvoir d'achat des ménages. L'année prochaine, l'inflation devrait converger vers l'objectif de 2 % fixé par le CNB. On ne s'attend pas à ce que la CNB augmente encore ses taux, alors que le début des baisses de taux approche. 

Pour le PIB, on s'attend à ce que l'économie ne progresse que de 0,3 % cette année, ce qui est légèrement inférieur aux prévisions précédentes (0,5 %). La bonne nouvelle, cependant, est que la récession, qui a été peu profonde et de courte durée, est probablement passée. Il devrait y avoir une reprise progressive au cours de cette année, ce qui devrait se traduire par une croissance plus élevée du PIB l'année prochaine. Elle est estimée à 2,4 %, ce qui est inférieur à la prévision précédente (3.1 %). 

L'année prochaine, la croissance des prix de l'énergie devrait s'atténuer, de même que celle des autres composantes de l'inflation. L'inflation devrait donc baisser sensiblement pour atteindre une moyenne de 2,5 %, légèrement inférieure à ce que nous avions prévu un trimestre plus tôt (2,8 %). La baisse de l’inflation adviendra lors du troisième trimestre de cette année mais non sans heurts. La croissance économique ne sera que de 0,3 % cette année, avant de s'accélérer à 2,4 % l'année prochaine.  

La couronne tchèque à la fin de 2022 a été surévaluée par rapport à sa valeur d'équilibre d'environ 0,3 CZK par rapport à l'euro (24,30 contre 24,60). 

Globalement, il est prévu que les tendances à la dépréciation prévalent légèrement, ce qui se traduira par un léger affaiblissement de la couronne vers 24,25 CZK pour 1 EUR d'ici la fin de l'année. La pression sur les coûts de l'énergie, de l'alimentation et des ménages est élevée. On constate une baisse des prix de l'énergie et de l'économie nationale et étrangère ainsi qu’une baisse de l'inflation en raison d'une politique monétaire stricte. 

En résumé, la CNB continuera d'empêcher les fortes fluctuations de la couronne tchèque concernant le taux de change. Elle continuera aussi de combattre l’inflation jusqu'à ce qu’elle soit totalement sous contrôle et stabilisée à l’objectif des 2%. Cela signifie que le taux d'intérêt restera relativement élevé pendant encore un certain temps.  

 

Vous retrouverez ci-dessous les graphiques et les présentations.  

Merci encore aux intervenants et à nos partenaires !