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L’état actuel du marché du travail en République tchèque

Dans cet article, nous revenons sur des sujets qui ont été abordés au cours de notre webinaire mensuel “Situation actuelle sur le marché tchèque” qui a porté ce mois-ci sur le marché du travail en République tchèque. Nous évoquons l’évolution de certaines statistiques puis, nous analysons les tendances actuelles qui se développent depuis la crise sanitaire en 2020. 

Taux de chômage 

Au niveau européen 

En 2018, le taux de chômage en République tchèque était à environ 2%. Il est resté stable mais a connu une légère hausse pendant l’année 2020 en raison de la pandémie de coronavirus. De 2018 à 2020, c’était le taux de chômage le plus bas de toute l’Union Européenne. En avril 2021, il s’établit désormais à 3,2%. Seule la Pologne fait mieux actuellement avec un taux de chômage légèrement inférieur à ce chiffre. 

Au niveau national 

Il existe de nombreuses disparités régionales. Historiquement, Prague était la région avec le taux de chômage le plus faible en République tchèque. Ce n’est désormais plus le cas à cause de la situation sanitaire qui a provoqué de profonds bouleversements. Depuis 2020, le taux de chômage à Prague a pratiquement doublé. En effet, les secteurs du tourisme et de la restauration ont été particulièrement impactés par les mesures de restriction sanitaires, mises en place pour lutter contre la pandémie de coronavirus. La région de Karlovy Vary a également été fortement impactée. 

Salaire mensuel 

Malgré la crise sanitaire, le salaire médian et moyen ont augmenté en 2020. Le salaire médian monte de 1128€ au premier trimestre à 1264€ au quatrième trimestre. Quant à la moyenne, elle croît de 1311€ à 1482€. 

Il existe deux raisons principales qui expliquent cette évolution. Tout d’abord, les pertes d’emplois ont principalement concerné les professions moins rémunératrices (services, restaurants, commerces, etc…). Dans un second temps, des primes/bonus ont été distribués au personnel médical. En prenant ces éléments en compte, la tendance est donc plutôt à la stagnation plutôt qu’une réelle augmentation. 

Au niveau régional, Prague et la région de la Bohême-Centrale sont toujours en tête avec les salaires moyens les plus élevés. 

Tendances en 2020 / 2021 

D’après Martin Huba, lors de son intervention dans notre webinaire, il existe deux facteurs clés permettant d’expliquer les tendances sur le marché du travail : 

  • La situation du marché de l’emploi (chômage, salaires, types de contrat de travail, etc…) 

  • Ce qu’il appelle le « Office-is-my-home » et « Home-is-my-office » (télétravail) 

Tout d’abord, la République tchèque fait face à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Les entreprises ont donc souvent besoin de recruter des étrangers pour pallier ce problème. Cette situation n’a rien d’une nouveauté puisque cela était déjà le cas avant la pandémie. En 2010, 5,5% des salariés étaient des étrangers. Puis, en 2019, ils représentaient 54% des employés dans les activités administratives et support. Enfin, ils comptabilisaient environ 14,7% des salariés en République tchèque en 2020. 

Mais la pandémie de coronavirus a provoqué un ralentissement des activités de recrutement depuis le deuxième trimestre 2020. 79% des entreprises, interrogées par Manpower, ont indiqué qu’elles ne prévoyaient pas d’accroître leurs effectifs contre seulement 13% qui prévoyaient d’avoir une masse salariale plus importante. Mais, cela devrait changer pour le second trimestre 2021 avec la situation sanitaire qui s’améliore de jour en jour. L’activité économique reprend et les entreprises vont de nouveau devoir faire face à ce manque de personnel. La tendance devrait continuer à s’accentuer au cours des prochaines années. Cela concerne aussi bien les ouvriers que les professions nécessitant des compétences managériales et une forte spécialisation. 

L’un des secteurs responsables d’une forte demande pour des travailleurs étrangers est certainement celui de la logistique, qui doit faire face à une forte croissance du marché du e-commerce notamment pendant la pandémie. L’industrie agro-alimentaire a également connu une forte croissance mais a dû se transformer et s’adapter puisque les restaurants ne consommaient plus autant de matières premières (laiteries, fermes, bouchers, etc…). Plutôt que de vendre des produits bruts en quantité relativement importante, les producteurs ont dû vendre en plus petite quantité dans un conditionnement adapté afin que les consommateurs puissent les commander directement en ligne ou dans des épiceries. 

Une autre tendance a également été remarquée, pendant la pandémie, est le fait que les ménages ont pu avoir recours au cumul de plusieurs emplois tout en restant chez soi. En janvier 2020, seuls 4% des employés travaillaient au moins partiellement chez eux contre 37% en 2021.  

La productivité de la majorité des employés a connu une nette augmentation grâce au télétravail. Seul un faible pourcentage des salariés a connu une baisse de sa productivité. Certains employés peuvent travailler 11 voire 12 heures par jour parce qu’ils sont enfermés chez eux et n’ont rien d’autres à faire. À cela s’ajoute la pression exercée par les managers, ce qui contribue à un épuisement psychologique. 

Les employés ont parfois des conditions de travail plus mauvaises en étant chez eux que s’ils se rendaient sur le lieu de travail. En effet, on peut citer le manque de matériel adéquat, un environnement pas forcément adapté au travail, une communication plus difficile entre les employés (discussions informelles à la machine à café, la cuisine). Ils peuvent toutefois discuter entre eux via des outils de messagerie instantanée gratuits, ce qui peut poser des problèmes de confidentialité, de cybersécurité en facilitant la fuite d’informations sensibles de l’entreprise. 

Cette situation est-elle pour vous durable ? 

N’hésitez pas à visionner notre webinaire dans son intégralité en cliquant ici

 

Sources : ISPV, Eurostat, Manpower, statisttikaamy.cz