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L’innovation technologique en République tchèque

La République tchèque se distingue depuis longtemps par sa capacité d’innovation et de créativité. Après tout, elle est la patrie de l’écrivain Karel Čapek, qui a inventé le mot « robot » en 1921. Dans cet article, nous dressons un bilan mettant en évidence la capacité d’innovation et de créativité de la République tchèque par le passé et de nos jours. 

Cette capacité innée d’invention est plus qu’une légende. Ainsi, il y a soixante ans, Otto Wichterle inventait les lentilles de contact souples, en s’appuyant sur le jeu de construction pour enfants Merkur, semblable à Meccano, pour le processus de fabrication.

Mais, on peut également citer la découverte des quatre groupes sanguins du système ABO par Jan Janský en 1907, la turbine Kaplan utilisée dans la plupart des centrales électriques dans le monde par Viktor Kaplan en 1912 et enfin, Jaroslav Heyrovský reçoit le prix nobel de chimie en 1959 pour sa découverte et le développement des méthodes d'analyse polarographiques.

Au 19ème siècle, la République tchèque était réputée pour les compétences techniques et industrielles de son peuple, ainsi que pour sa grande connaissance des sciences naturelles. À présent, elle est l’un des pays d’Europe et de l’OCDE où la part de l’industrie dans le PIB est la plus élevée. En somme, elle serait le théâtre idéal d’une nouvelle révolution industrielle.

Depuis 1989, le pays construit une économie ouverte, tournée vers l’exportation, et attire de nombreuses entreprises multinationales dont certaines se sont dotées de laboratoires de R&D très performants. 

L’industrie tchèque repose sur la fabrication d’appareils électriques, électroniques et optiques, mais aussi de voitures, de véhicules de transport et d’équipement. Non seulement ces secteurs novateurs occupent une place de choix dans les exportations, mais ils captent aussi la plus grosse partie des dépenses de R&D privée. Les industries créatives se développent donc, et les universités affichent l’un des plus forts taux de croissance des effectifs d’étudiants en Europe. Ces sept dernières années, les effectifs de personnel de R&D des entreprises ont augmenté de moitié, et les dépenses de R&D, dont les PME profitent de plus en plus, ont dépassé les 2% du PIB. 

En République tchèque, on compte 19 universités et 22 000 diplômés dans des domaines scientifiques et techniques en 2018. L’Académie des Sciences tchèque gère un réseau de 54 instituts de recherche avec plus de 8000 employés. 

Ces dernières années, une vaste infrastructure de centres d’excellence scientifique, comme ELI (Extreme Light Infrastructure), CEITEC (Central European Institute of Technology) ou IT4Innovations, a vu le jour en République tchèque. Bénéficiant de vastes réseaux, ils nouent des partenariats avec l’étranger, disposent de moyens matériels de qualité et collaborent avec des scientifiques de renom. Grâce à eux, la République tchèque a pu s’affirmer dans les domaines des technologies de l’information, des nanotechnologies, des biotechnologies, de l’énergie nucléaire et non-nucléaire, de l’aérospatiale et de l’industrie chimique. Par ailleurs, la naissance de nombreuses entreprises innovantes, notamment dans l’aéronautique et les technologies de l’information, a accru la compétitivité de l’économie du pays. 

Des entreprises comme JetBrains, AVAST, AVG, GoodData et SocialBakers, pour ne citer qu’elles, jouissent d’un rayonnement international dans les domaines du développement logiciel, de la cybersécurité, de la protection, de l’analyse et du traitement des données. Brno, la « Silicon Valley » tchèque, abrite un grand nombre de centres de recherche et d’entreprises spécialisés, entre autres, dans les technologies de l’information et la biomédecine. 

Airbus et l’Institut tchèque d’informatique, de robotique et de cybernétique (CIIRC) de l’Université technique de Prague collaborent, dans le cadre du projet ARUM, à la mise au point d’un système adaptatif de planification et d’ordonnancement de l’assemblage des aéronefs. Sa première application expérimentale servira à la phase d’intensification de la construction de l’A350. Ce nouveau système devrait accroître de 10% à 15% la productivité de l’assemblage des aéronefs. 

Dans les technologies de l’information, des projets d’envergure sont consacrés à l’élaboration de solutions technologiques pour la transcription automatique des enregistrements vidéo des conférences et audiences judiciaires ainsi que pour le contrôle automatisé des informations diffusées en flux continu. Dans le secteur de la sécurité, le projet d’identification faciale EyeDentity s’annonce plein de promesses, même pour les contextes les plus difficiles. De nouvelles technologies de traitement de la parole sont à l’étude, pour améliorer la communication homme-machine et aider les personnes handicapées à utiliser internet.

Des équipes de l’Université Charles de Prague et leur partenaire industriel Lingea Brno ont mis au point, via les projets Health in my Language et QT21, des systèmes de traduction automatique de pointe qui aident à briser la barrière linguistique toujours présente sur le marché numérique européen. 

En ce qui concerne la créativité des tchèques, le marché du jeu vidéo l’illustre également parfaitement. Nous avons d’ailleurs déjà abordé ce sujet dans un précédent article sur notre site. La République tchèque représente une puissance dans l’industrie vidéoludique. En 2019, le chiffre d’affaires total pour l’ensemble de l’industrie du jeu vidéo en République tchèque avait atteint un montant d’environ 4,5 milliards de couronnes (170 millions d’euros). Le succès de jeux comme Beat Saber de Beat Games (qui a fait l’objet d’une acquisition par Facebook), Kingdom Come: Deliverance de Warhorse Studios, Arma de Bohemia Interactive ou encore Euro Truck Simulator de SCS Software contribuent à ce succès en République tchèque comme à l’étranger.

Au cours de son histoire, la République tchèque fut à l’origine de nombreuses avancées dans divers domaines. De telles avancées montrent que, fidèle à sa tradition industrielle, la République tchèque reste à la pointe de l’innovation et sait tirer parti de la créativité de sa population, tout en améliorant sa compétitivité et en menant également des collaborations à l’international.  

Sources :  

Documentation

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