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David Bouffelière, Camaïeu : Les femmes tchèques sont élégantes

David Bouffelière est arrivé en République tchèque en février 2015. Il est country manager de la marque de prêt à porter féminin Camaïeu depuis février 2017, responsable pour la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie. Il gère 60 magasins en Tchéquie, plus de 500 membres d’équipes et il fait de son mieux pour gérer la langue tchèque également.

Comment la mode varie d’un pays à l’autre ?

Chaque pays d’Europe centrale a ses spécificités. Dans les styles et les couleurs par exemple, de réelles différences existent. En République tchèque les hommes portent surtout du noir, du gris et du blanc avec des tailles plus larges qu’en France, alors que pour les femmes les tailles sont plus fines et le choix des couleurs est fréquent. Les tchèques peuvent être à la fois plus élégantes et plus traditionnelles que les consommatrices françaises, qui à l’inverse cherchent bien souvent la décontraction. A certains égards, la féminité est mieux exprimée ici qu’en France.

Quelle est l’importance de la RT pour le groupe Camaïeu ?

L’Europe centrale est le deuxième plus gros périmètre après l’Italie et la France. Nous avons, en Europe Centrale, des projets d’ouvertures de magasins. Le marché tchèque se porte bien, le marché hongrois est reparti, le marché slovaque est difficile et le marché roumain est stable. Le contexte économique tchèque et le plein emploi rend les choses plus faciles en termes de business, mais peut aussi être considéré comme une difficulté au regard des problématiques de turn over d’équipes. Le marché du travail est favorable aux salariés et fidéliser un employé n’est pas simple. Ce dernier point est l’un de nos grands défis.

Quelles sont vos parts de marché en République tchèque et qui sont vos concurrents ?

Notre premier concurrent est Orsay ; une marque qui a la même cible que nous et travaille sur le même type de produits. Mango, Promod, Mohito, bien que plus chères, sont aussi des concurrents, tout comme Zara ou Berska. Malgré notre présence depuis plus de quinze ans ce marché n’est pas notre marché domestique, la concurrence est donc importante.

Camaieu a, en France, de nombreux engagements sociétaux, pourriez-vous nous en dire un mot ?

Sur de grands sujets comme le recyclage, des cartons ou des vêtements par exemple ; sur le financement d’association qui luttent contre le cancer ou pour l’insertion des femmes dans la société ; de manière générale sur les sujets en faveur de la femme et de la féminité, Camaïeu est un acteur de grande importance. Mon ambition est d’avoir ces mêmes engagements pour l’Europe centrale ; au travers de partenariats locaux par exemple mais aussi au travers de donation de vêtements à des associations dans le besoin.

Les salariés de Camaïeu sont en très grande partie des femmes. Quelle différence constatez-vous entre la France et la République tchèque sur ce point ?

En effet sur nos 520 employés en magasin nous n’avons qu’un seul homme. La maternité est un vrai sujet pour nous. 80 % de nos vendeuses ont entre 20 et 30 ans. Le retour de la maternité n’est pas toujours bien géré. Nous voudrions soutenir une association de réinsertion post-maternité. Les congés maternité sont bien souvent de trois ans en République tchèque, et comme beaucoup de femmes semblent avoir des enfants jeunes il peut arriver que certaines collaboratrices prennent jusqu’à six ans de congés maternité. Elles se retrouvent en total décalage en termes de compétences. La chose n’est pas simple et je pense qu’un accompagnement est nécessaire. Pour les postes managériaux la question se pose moins, le retour au travail est plus rapide. En France, les femmes ne s’absentent que quelques mois.

Quels sont vos défis pour les trois prochaines années ?

Nous devons rénover 100 % de nos magasins. Ils commencent à être assez vieux. Nous aurons, cette année déjà, rénové un tiers du parc. Nous voulons aussi ouvrir deux nouveaux magasins au centre commercial Nový Smíchov et à Ostrava. Certains magasins pourraient être agrandis. Nous mettons aujourd’hui en place le concept du ligth-up. Nous l’avons déjà mis en place au Centre Chodov.

Quelles sont les localités en République tchèque et en Europe centrale où votre activité est la plus fructueuse ?

Prague bien sûr. Puis la Bohême de manière plus large. Et, en dernier lieu, la Moravie où nous devons rénover des magasins malgré un marché plus difficile. La Hongrie présente aussi de très bons résultats. Les choix économiques des gouvernements voisins de la République tchèque sont importants pour nous et déterminent pour beaucoup les choix de nos clientes.

Que souhaiteriez-vous ajouter en mot de fin ?

Nous sommes les leaders français du prêt à porter et nous voulons l’être en République tchèque. Nous pouvons le devenir grâce à notre proximité avec la femme, la simplicité et la féminité.