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[ENQUÊTE] Impactées par le coronavirus, les entreprises françaises en République tchèque ne souhaitent pas licencier pas, mais se réinventent et mènent des initiatives solidaires

L'enquête a été réalisée du 30 avril au 15 mai, sur un échantillon représentatif de 104 entreprises françaises implantées en République tchèque.

 

Suite à l’épidémie de coronavirus et aux mesures de confinement, 84 % des entreprises membres de la Chambre de commerce franco-tchèque ont été négativement impactées et 17 % d’entre elles ont temporairement cessé leur activité. Pourtant, seulement la moitié ont utilisé les mesures de soutien mises en place par le gouvernement et 58 % prévoient de ne pas licencier. C’est le bilan du second sondage de la Chambre du commerce franco-tchèque, réalisé auprès de ses membres début mai. 

 

  • Les micros et petites entreprises ont enregistré une baisse de leurs ventes et rencontré des problèmes de trésorerie plus importants que les moyennes et grandes entreprises.
  • 58 % des entreprises prévoient de ne pas de licencier et préféreront d’autres moyens pour réduire leurs charges.
  • Seulement la moitié des entreprises (53 %) a fait appel aux programmes de soutien proposés par le gouvernement, le kurzarbeit le plus souvent. Néanmoins, ces dernières trouvent les mesures proposées insuffisantes.  
  • 49 % de répondants ont mené des initiatives solidaires en offrant gratuitement leurs services, produits ou via des actions bénévoles.  

 

Les entreprises françaises en République tchèque représentent plus de 11 % des investissements directs et emploient plus de 80 000 personnes. La stabilité économique ainsi que la qualité de l’environnement business sont des critères essentiels pour leur développement et continuation. La Chambre de commerce franco-tchèque a réalisé deux enquêtes lors de l’épidémie du coronavirus afin de mieux cerner ses impacts sur les entreprises et les investisseurs français en République tchèque.  

“Alors que le premier sondage s’est concentré sur les premiers impacts tangibles causés par la crise, cette seconde enquête met en exergue des tendances qui pourraient bousculer les marchés économiques : flexibilité, digitalisation, baisse de l’externalisation... Le monde du travail de demain se crée en ce moment même, et il est du rôle de la CCFT-FCOK d’être attentive et proactive dans ces potentielles reconfigurations.”, Roland Bourgeois, Président de la Chambre de commerce franco-tchèque.  

 

La baisse de la demande et la fermeture des frontières ont eu des impacts importants

Parmi les raisons les plus fréquentes de la baisse d´activité, les entreprises ont identifié la baisse voire l’absence de la demande (76 %) et la fermeture des frontières (43 %). Alors qu’en mars elles étaient seulement 22 % à être impacté par la fermeture des frontières, elles sont aujourd’hui plus de 40 % à remonter ce problème. 

Malgré ces contraintes, les entreprises se sont adaptées à la situation. Les difficultés rencontrées dans l’approvisionnement auprès des fournisseurs sont passées de 51 % en mars à 43 % en mai et elles sont 58 % en mai à déclarer ne pas ressentir d’impact sur leur supply chain. L’impact sur la trésorerie s’amenuise également, puisqu’elles ne sont plus que 22 % à avoir des difficultés financières, contre 38 % en mars. 

L’impact à fin d’année reste difficilement mesurable pour les entreprises, en mai, un quart des entreprises s’attendent à une baisse de plus de 40 % de leurs résultats financiers.

Pour diminuer l’impact financier, des actions sont envisagées par les entreprises : gel des recrutements (64 %), diminution des prestations externes (52 %), gel des hausses de salaire​ (48 %) et gel des investissements (42 %).  

 

De fortes attentes du gouvernement tchèque : rapidité, transparence et relance économique 

Seulement la moitié des entreprises (53 %) ont fait appel aux mesures de soutien offertes par le gouvernement tchèque. Parmi elles, certaines ne correspondent pas aux critères pour les aides et prêts bancaires, tandis que d’autres n’ont pas fait de demandes par conviction. 

Pour les autres, les mesures les plus utilisées sont le kurzabeit (32 %), le report de certains paiements envers l’État (22 %)​, le report des loyers (13 %), les prêts COVID I, II et Prague (13 %) et l’allocation pour les indépendants (13 %).

Les entreprises françaises ayant participé au sondage de la Chambre de commerce franco-tchèque attendent du gouvernement tchèque plus de transparence et rapidité dans les mesures mises en place, une relance générale de l’économie dans le respect et la protection des entreprises, un support plus important aux PME et enfin la simplification administrative des mesures ainsi que des allégements fiscaux. 

 

Plutôt que de licencier, innovation et digitalisation du marché 

La problématique qui touche ces dernières semaines pratiquement toutes les entreprises en Tchéquie, sont les ressources humaines. Environ 20 % des salariés des entreprises sont absents (arrêts maladie, gardes d’enfant ou refus de retourner au travail).  

58 % des entreprises n'envisagent pas de licencier et seulement 45 % ont utilisé le chômage partiel. Les répondants ont également mis en exergue quelques impacts positifs de la situation sur le marché du travail : des candidats plus nombreux et plus qualifiés. 

Alors qu’en mars dernier, les entreprises prévoyaient un retour dans les bureaux fin juin, cette nouvelle enquête montre un retour plus rapide dans les espaces de travail courant mai-juin. Pour 39 % des entreprises, un mois suffirait pour la reprise complète de leurs activités. Pour 20 %, une période allant de 1 à 3 mois sera nécessaire. 

La crise a également forcé les entreprises à se réinventer. 60 % prévoient de développer de nouvelles offres et de nouveaux services et parmi elles, 60 % sont des PME. Les entreprises comptent également digitaliser leurs façons de travailler : réunions en ligne (69 %), et télétravail (60 %). Certaines poussent même la réflexion plus loin, en imaginant réduire l’espace de leurs bureaux (23 %). 

 

Malgré la crise, la solidarité économique est de mise

De nombreuses sociétés membres de la Chambre de commerce franco-tchèque ont réagi à la situation actuelle en proposant gratuitement leurs services et produits et parmi ces initiateurs, les membres du conseil d’administration de la Chambre. Eva Decroix offre des conseils juridiques gratuits et l'avocate Michaela Fuchsová réalise une veille régulière sur les mesures juridiques mises en place par le gouvernement. Decathlon a transformé des masques de plongée en respirateurs médicaux, Pernod Ricard a changé sa production d’alcool en désinfectants et Danone a fait don de 7 tonnes de produits laitiers aux travailleurs en première ligne du coronavirus.

 

Des articles sur toutes les activités de solidarité des entreprises membres de la CCFT sont disponibles dans la section des actualités du site. 

 

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