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Entretien exclusif : Michal Macko évoque la venue du Président Macron et le Forum Nucléaire Tchèque-Français

Les relations commerciales entre la France et la République tchèque atteignent aujourd'hui des sommets historiques. L'appel d'offres pour de nouvelles unités nucléaires n'est pas la seule chose qu'EDF voulait à Prague. 

 

Lors de la prestigieuse visite du Président Emmanuel Macron à Prague, juste avant le lancement du Forum nucléaire tchèque-français qui s'est tenu au Rudolfinum, Michal Macko, directeur de la Chambre de commerce franco-tchèque, a eu l'honneur de s'entretenir avec la chaîne d'information publique ČT24. Nous vous invitons à découvrir cet entretien captivant en visionnant notre vidéo YouTube ci-dessous, ou en consultant sa transcription pour ne manquer aucun détail.

 

Entretien exclusif : Michal Macko pour ČT24

 

Juste maintenant dans le bâtiment derrière nous, au Rudolfinum de Prague, où dans quelques dizaines de minutes commencera le forum nucléaire franco-tchèque, qui va probablement renforcer encore plus les relations commerciales déjà solides entre la République tchèque et la France. Les relations commerciales entre les deux pays se sont considérablement renforcées ces dernières années, surtout l'année dernière. Les chiffres sont actuellement à des niveaux historiques et dépassent même ceux d'avant Covid. La coopération commerciale de l'année dernière par rapport à 2022 a augmenté de 4 % et la valeur du commerce a dépassé 15 milliards d'euros. La France est également le troisième plus grand investisseur en République tchèque après l'Allemagne et l'Autriche et maintient depuis longtemps la tendance à être le quatrième plus grand client. Quels secteurs sont principalement responsables de ce bon résultat positif jusqu'à présent ?

 

Comme vous l'avez dit, les relations entre la France et la République tchèque sont historiquement à des niveaux exceptionnels et reproduisent simplement les résultats de l'année dernière qui reflètent les relations à long terme et les segments dans lesquels la France, en République tchèque, est forte. La France est présente dans tous les segments. Les principaux secteurs sont l'automobile, le ferroviaire, l'aéronautique, l'industrie pharmaceutique, l'agroalimentaire, la finance. Cela signifie que dans tous ces domaines, nos chiffres de l'année dernière ont augmenté et ne font que confirmer nos relations exceptionnelles. La France est également considérée de ce point de vue comme le premier partenaire de la République tchèque, avec qui nous n'avons pas de frontière commune.

 

En même temps, et nous le mentionnons souvent dans l'émission, il s'agit d'une visite politique, mais bien sûr, la partie commerciale joue un grand rôle. Alors, que pouvons-nous attendre de la visite d'aujourd'hui du point de vue commercial ?

 

Je pense que l'un des grands thèmes que vous avez mentionnés au début et qui aura lieu ici derrière nous au Rudolfinum, concerne évidemment l'énergie nucléaire et l’appel d'offres actuel. Mais ce ne sont pas seulement les questions énergétiques qui sont d'importants sujets. Il y a des sujets qui se posent concernant l'infrastructure de transport. La République tchèque veut achever son réseau autoroutier, mais aussi des corridors ferroviaires pour les trains à grande vitesse, ce qui signifie des segments dans lesquels la France a un grand savoir-faire et collabore à long terme avec la République tchèque. Mais ce n'est pas seulement l'infrastructure de transport. Il s'agit bien sûr de l'automobile, la transition vers l'électromobilité. Ce sont des sujets au niveau de la science, de la recherche, des innovations qui seront également abordés, car nous avons ici des représentants des centres de recherche et du développement français, pas seulement dans le domaine de l'énergie mais en général. En fait ANR, le partenaire de l'Agence technologique tchèque, sera présents. Les sujets sont vastes, ils concernent l'industrie, ils concernent beaucoup la décarbonation, la décarbonation de l'industrie, la décarbonation de l'économie en général.

 

Nous avons également parlé du fait que le Premier ministre Petr Fiala et le président Emmanuel Macron signeront un plan stratégique. Pouvez-vous nous en dire plus ? Quel est son contenu ?

 

Le plan stratégique est un document politique, ce qui signifie que je préférerais laisser le rôle à nos politiciens de le présenter au moment où il sera signé, car il n'est pas encore signé. Mais comme le président Macron l'a présenté ce matin lors de la réunion avec la communauté française, il concernera la langue française, la recherche, le développement et sujets très centrés sur l'économie circulaire ce qui pour nous, en tant que Chambre de commerce franco-tchèque et les entreprises françaises que nous accompagnons depuis longtemps, sont les grandes sujets que nous observons à long terme, ainsi que des sujets régionaux. Lorsque nous accompagnons les régions françaises en République tchèque et les régions tchèques en France c´est autour des sujets de l'économie circulaire, les technologies de l'hydrogène - un centre d'hydrogène se prépare dans la région d'Ostrava. Nous ferons venir une délégation de la région Auvergne Rhône-Alpes et la région Bourgogne-Franche-Comté, et des débats se dérouleront sur l'hydrogène et encore sur la décarbonation et les nouveaux types de sources d'énergie, car il ne s'agit pas seulement du nucléaire. Mais comme nous le savons, la France est fondamentalement décarbonisée du point de vue de la production d'énergie électrique. Et nous, en tant que République tchèque, comme l'a indiqué M. le Premier ministre Fiala, nous aimerions nous débarrasser du charbon d'ici 2033. Et maintenant, la grande question est, étant donné la part de charbon dans notre mix énergétique, par quoi le remplacer ? Et ce sera l'un des sujets, car il ne s'agit pas seulement du grand nucléaire, mais il y a aussi les petits réacteurs modulaires, où se déroule une grande collaboration.

 

Si nous restons sur le grand nucléaire, à quel point est-il important pour EDF française de remporter cet appel d'offres ?

 

Je tiens d´abord à mentionner qu’EDF est le plus grand opérateur mondial de centrales nucléaires. Juste sur son territoire, EDF est responsable de 56 réacteurs et en construit d'autres à travers l'Europe et en fait dans le monde entier. La République tchèque est évidemment importante pour EDF de ce point de vue, parce que nous sommes en Europe et nous prévoyons de construire 4 blocs nucléaires. Et EDF est actuellement le seul fabricant européen de technologies nucléaires ainsi que l'opérateur de centrales nucléaires. Et ce projet est européen, ce qui signifie que EDF et pour la France, ce projet est important du point de vue de l'avenir du nucléaire en Europe. Et si je peux me permettre de le dire, nous assistons peut-être actuellement à une grande renaissance nucléaire en Europe. L'année dernière, en fait, l'eurodéputé Vondra a lancé avec des collègues français au Parlement européen une nouvelle plateforme nucléaire, à laquelle initialement seuls la France et la République tchèque ont adhéré. Parce que nous avons ces technologies historiquement et nous avons le savoir-faire historique du point de vue de la science, de la recherche, de l'éducation, mais aussi des entreprises capables de produire pour une centrale nucléaire. Et 14 pays européens sont actuellement inscrits à la plateforme. Nous voulons construire 4 réacteurs nucléaires, les Polonais veulent en construire 6, les Néerlandais se sont joints, les Bulgares se joignent, les Slovènes. Emmanuel Macron a annoncé l'année dernière 14 nouveaux réacteurs sur le territoire français. Et EDF ne peut pas construire cela seule et a besoin de partenaires. Et où chercher sinon en République tchèque ? Les partenariats sont à long terme de ce point de vue.

 

Quelles actions les Français, plus précisément EDF en plus de cette visite d'aujourd'hui, fait-elle, pour ainsi dire, pour impressionner, toucher le gouvernement tchèque ?

 

C'est un projet à long terme. Ce n'est pas juste ce forum. En tant que Chambre de commerce franco-tchèque, nous organisons avec EDF depuis l'année dernière plusieurs forums nucléaires. Dans le cadre du Salon international de l’industrie à Brno, nous avons organisé un grand forum nucléaire. Mais ce n'est pas seulement à propos de ces événements. Ces collaborations sont vraiment à long terme. Ainsi, cela s'est produit sur le sol français à Paris, au Salon international du nucléaire à Paris, qui est en fait le plus grand salon nucléaire au monde, que les représentants de la CPIA, qui est en fait l'alliance nucléaire tchèque, se sont rencontrés et ont signé des mémorandums avec le GIFEN, qui est l'alliance nucléaire française. Cette collaboration est vraiment à long terme, donc ce n'est rien d'extraordinaire. Cela montre-t-il simplement l'importance que l'État français accorde à ce sujet, car comme la France et EDF en parlent, il s'agit d'un projet européen. Nous aurons besoin en Europe de construire beaucoup plus de centrales nucléaires pour que l'Europe soit énergétiquement autonome et indépendante. Et c'est le même problème pour la République tchèque. Nous devrons simplement nous débarrasser du charbon, des combustibles fossiles, et nous avons choisi le nucléaire comme sujet important, et comment pourrait-il en être autrement, que dans le cadre, disons, d'une alliance européenne.

 

Merci beaucoup.