Agriculture - Agroalimentaire
Un paradoxe tchèque : le plus de fermes bio et le moins d’aliments bio consommés
Selon les chiffres récemment publiés par Eurostat, la République tchèque est le deuxième pays en terme de pourcentages de fermes écologiques dans l’Union européenne.
Depuis le début du siècle, leur nombre a augmenté sept fois jusqu’à atteindre 2984 aujourd’hui. L’Autriche est le seul pays à en avoir plus.
Tandis que l’agriculture écologique représente près de 19 % en République tchèque, en France, le pourcentage est de 5,5 %, ce qui représente tout de même un peu moins de 29 000 fermes écologiques. Le pourcentage des aliments bio dans la consommation totale des Tchèques ne s’élève qu’à 0,81 %. Une des raisons est que la majorité de la surface cultivée selon le mode biologique en République tchèque est herbagère et sert à la production du foin, suivie par les vergers et les légumes-racines. Les produits bio sont par conséquent consommés plus souvent par les animaux que par les gens.
Un sondage du Centre pour l’enquête de l’opinion publique (Centrum pro výzkum veřejného mínění, CVVM) a découvert que 10% des Tchèques disent acheter des aliments bio fréquemment, tandis que 43 % choisissent ces produits plutôt rarement. La majorité absolue, sept Tchèques sur dix, ne s’intéressent pas aux aliments biologiques. En France, au contraire, le secteur des produits bio connaît une croissance phénoménale: de 20 % par rapport à l’année dernière, de 278 % depuis 2007. Ces produits ne sont pas bon marché en France non plus. D’après l’étude de l’association de consommateur Que Choisir, un panier moyen de fruits et légumes bio est presque deux fois plus cher que ce même panier en conventionnel. 77% des Français considèrent que le bio est trop cher et d’après l’association, la faute revient aux magasins de grandes surfaces et leurs marges démesurées.
Investissements dans le BIO
La motivation à l’achat de produits bio peut être l’aversion aux pesticides et aux OGM, la compassion pour les animaux et la conviction que leurs conditions sont meilleures dans les élevages écologiques. Les clients cible sont surtout les consommateurs jeunes, urbains et aisés. La sphère bio attire également les investisseurs.
Senfas, l’entreprise française et spécialiste de pâtés végétaux et de flans de la région Gard, a annoncé qu’elle investira entre 5 et 6 millions d’euros dans le bio. Le premier million a déjà servi à acheter de nouvelles machines et à construire un nouveau bâtiment de production.
La ferme Memphis Meats de Silicon Valley est allée beaucoup plus loin en produisant de la viande bovine, de poulet et de canard directement des cellules animales cultivées en laboratoire. Cette startup a obtenu plus de 22 millions dollars de la part des investisseurs, dont Bill Gates et Richard Branson.
Quant à la République tchèque, elle a connu son boom des aliments bio il y a quelques années ; ce qui est resté sont les marchés fermiers ou la livraison de boîtes de légumes. À Prague, un deuxième magasin « sans emballage » où les clients viennent avec leurs propres boîtes alimentaires sera ouvert. L’organisation à but non-lucratif Bezobalu (Sans emballage) a obtenu des ressources pour ce deuxième magasin à travers la plateforme Hithit ; elle a collecté 1,2 millions de couronnes (46 000 euros), soit 131 % de la somme visée.